C’est dans le contexte de la guerre froide que le Canada commande la construction de trois sous-marins : les NCSM Onondaga, Ojibwa et Okanagan. La carrière de l’Onondaga est principalement consacrée à la réalisation de missions de surveillance, d’entraînement et de lutte anti-sous-marine avec les autres pays membres de l’OTAN. Il est intégré aux Forces maritimes de l’Atlantique et son port d’attache est Halifax. À la suite de sa carrière active, il devient un sous-marin musée accessible au public.
ORIGINE DU NOM
Onondaga est le nom d'une nation iroquoise qui signifie « peuple des collines ». Celle-ci est établie dans le sud de l’Ontario (Canada) ainsi que dans l’État de New York (États-Unis). Les deux autres sous-marins canadiens, l’Ojibwa et l’Okanagan, portent aussi des noms de nations autochtones.
NCSM est un acronyme qui signifie « Navire canadien de Sa Majesté ». Ce préfixe précède le nom de tous les navires de la Marine royale canadienne.
73
L’inscription 73 sur le kiosque du sous-marin indique le numéro de coque attribué par la Marine royale canadienne lors de son lancement. Dans la même lignée, les sous-marins Ojibwa et Okanagan portent respectivement les numéros 72 et 74.
BLASON
Ces armoiries représentent le wampum de la nation iroquoise. Un wampum est un bracelet cérémonial de grande valeur dans les cultures autochtones. La tête de massue représente celle utilisée pour inaugurer la première assemblée du Parlement du Haut-Canada en 1792, le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe ayant alors fait le voyage jusqu’au parlement à bord d’une goélette nommée Onondaga.
C’est au chantier naval de Chatham, en Angleterre, que sont construits les trois sous-marins commandés par le Canada. L’Onondaga est le deuxième à y être assemblé.
Le lancement est la cérémonie au cours de laquelle l’Onondaga est mis à l’eau pour la première fois. À ce moment, la construction n’est pas encore terminée, mais la suite des travaux se fera à quai.
La mise en service est la cérémonie qui officialise le début du service actif du sous-marin. Autrement dit, à partir de cette date, l'Onondaga est officiellement intégré à la flotte de navires de la Marine royale canadienne.
La refonte est une période au cours de laquelle le sous-marin est sorti de l’eau pour effectuer des travaux d'entretien majeurs. Lors d'une refonte, tous les systèmes sont inspectés, nettoyés et, au besoin, remplacés. Les technologies jugées désuètes ou inefficaces sont, quant à elles, mises à niveau. Durée des travaux : 23 mois.
Cette refonte donne lieu à plusieurs changements d’équipements : les sonars, les périscopes, les systèmes de communication ainsi que les équipements de mise à feu des torpilles sont alors renouvelés. On modifie aussi les tubes de lancement des torpilles pour les adapter aux nouvelles torpilles MK-48. Cette refonte majeure porte le nom de SOUP (Submarine Operational Upgrade Program). Durée des travaux : 28 mois.
Lors de cette refonte, les sonars sont modifiés. Ces changements entraînent une modification de la proue du sous-marin, qui reçoit la forme arrondie qu’on lui connait actuellement. Durée des travaux : 28 mois.
De janvier à juillet, l’Onondaga est déployé pour une mission sur la côte du Pacifique. C’est le premier sous-marin canadien à s’y rendre depuis 1977.
Il s’agit de la dernière refonte du navire, qui dure 22 mois. En additionnant toutes les périodes de refontes, on réalise que l'Onondaga a passé plus de huit ans hors de l'eau pour des travaux d'entretien, soit le quart de son service militaire. L’évolution des technologies et la performance nécessaire des navires exigent que ces entretiens soient faits régulièrement.
C'est la fin de la carrière militaire du sous-marin. Ses 33 années de service représentent un record de longévité pour un sous-marin canadien, ses pairs l’Ojibwa et l’Okanagan ayant été mis hors service en 1998. Les Oberon sont alors remplacés par les sous-marins de la classe Victoria, soit les NCSM Victoria, Windsor, Corner Brook et Chicoutimi, qui sont toujours en service aujourd’hui.
L’équipe du Site historique maritime de la Pointe-au-Père visite l’Onondaga à Halifax et élabore un projet pour le transformer en musée. En 2005, l’organisme se porte acquéreur du sous-marin afin de le déménager à Rimouski.
Après sept années de préparation, de recherche de financement et de négociations, le sous-marin quitte Halifax. N’étant plus autonome, il est remorqué par le Jerry Newberry.
L’Onondaga arrive à Rimouski, après une pause de deux jours imposée par une tempête. Une foule de curieux l’attend impatiemment.
L’Onondaga sera halé à côté du quai de Pointe-au-Père. La grue installe une section de la rampe de halage. Le tout sera bétonné dans les jours suivants.
On simule l’emplacement final des charriots aux endroits où ils seront positionnés quand le halage du sous-marin sera terminé. Tous les charriots sont reculés à l’extrémité du rail afin de recevoir l’Onondaga lors d’une marée haute.
Le palan est filé avec un câble de 20 brins, qui fait près d’un kilomètre de longueur. Sa force est alors multipliée par 20 pour pouvoir tirer la charge de 1400 tonnes du sous-marin.
L’Onondaga, parti du quai de Rimouski, approche de son lieu de retraite à Pointe-au-Père. Il est remorqué par l’Épinette II.
À 2 h du matin, à la faveur de la marée haute, le palan est fixé au sous-marin et le halage débute. Trois camions de grande taille sont nécessaires pour tirer l’Onondaga.
À la fin de la deuxième nuit de l’opération de halage, l’Onondaga a parcouru au total près de 50 mètres.
Au matin, amère déception! À la faveur de la marée descendante, le sous-marin, mal positionné sur les charriots, se renverse. La caméra installée par l’équipe de tournage de « Monster moves » capte la scène.
Le palan est déplacé sur le quai afin de redresser l’Onondaga. On y arrive enfin le 10 octobre. Deux camions-remorques ont été nécessaires pour cette opération.
Le positionnement du sous-marin, à côté du rail, ne permet pas de reprendre le halage, il faut donc qu’il retourne à Rimouski pour y passer l’hiver. Plusieurs vérins sont installés pour soulever l’Onondaga afin d’installer les rouleaux qui permettent de le retourner à l’eau.
En essayant de le remettre à flot, l’Onondaga se renverse pour la deuxième fois. Curieusement, ce renversement fait en sorte que la quille du sous-marin est maintenant mieux positionnée sur le rail! Il devient possible de reprendre le halage après l’avoir à nouveau redressé.
Après de nombreuses difficultés lors du redressement, le halage peut enfin recommencer. Cette fois-ci, un plongeur surveillera, sous l’eau, le déroulement de l’opération.
Après 11 mètres de déplacement, un fort bruit de métal se fait entendre. Ce sont les deux premiers charriots qui sont tombés à côté du rail. Toute l’installation commence à démontrer des signes de fatigue.
Malgré la légère inclinaison dans laquelle l’Onondaga se trouve, l’équipe décide de ne pas tenter la chance et de mettre fin au halage. Bravo à toute l’équipe! / Photo : Jacques Vaillancourt, Donald Tremblay, Annemarie Bourassa, Yves Tremblay, Maurice Allard et Serge Guay
Dès le lendemain, les supports qui stabilisent le sous-marin sont installés, juste avant la première tempête de l’hiver.
Pendant près de trois mois, la seule manière d'accéder à l’intérieur de l’Onondaga et d’aller y faire des travaux est d’utiliser l’écoutille de chargement des torpilles, située sur le dessus du navire. Pour s’y rendre, deux échelles sont installées sur la coque.
C’est le début des travaux d’enrochement qui permettent de construire la digue de protection du sous-marin. Ce dernier n’est pas installé dans un bassin complètement étanche et doit être protégé des glaces qui pourraient l’endommager.
Enfin, une porte est installée à l’avant du sous-marin afin d’en faciliter l’accès, autant pour les travailleurs que pour les matériaux nécessaires aux travaux.
Le bâtiment d’accueil arrive en quatre modules préfabriqués. Il accueillera les bureaux et un espace dédié à la distribution des audioguides nécessaires à la visite.
Durant l’hiver, l’équipe du Site historique effectue des travaux de nettoyage, d’électricité, de peinture et de remise en état des équipements. Elle travaille aussi sur la recherche et le développement des textes de l’audioguide et adapte les compartiments pour faire en sorte que la visite soit la plus réaliste possible. / Photo : Jean-Philippe Bégin, Lode Mortier et Yves Tremblay
On procède à l’installation de la porte arrière et des deux passerelles d’embarquement qui permettront un accès plus facile pour les visiteurs. Normalement, l’écoutille située sur le dessus du sous-marin est la seule voie d’accès à l’intérieur.
C’est l’inauguration officielle à laquelle participent de nombreux sous-mariniers ayant navigué à bord de l’Onondaga. / Photo : Irvin Pelletier, Gaston Gendreau, Larry Hickey et Serge Guay
Seulement six mois après sa mise en place, l’Onondaga accueille ses premiers visiteurs!
L’Onondaga est un sous-marin de la classe Oberon. Sa propulsion est de type diesel-électrique, ce qui le rend particulièrement silencieux. Les navires de cette classe sont reconnus comme étant les sous-marins non nucléaires les plus efficaces de cette époque. Au total, 27 Oberon ont été construits pour différents pays, dont la Grande-Bretagne, l’Australie, le Brésil, le Chili.
Flottabilité
La flottabilité dépend du contenu des ballasts. Ces derniers sont de grands réservoirs qui entourent la coque de pression du sous-marin que l’on peut remplir d’eau ou d’air afin d’influencer son poids. Plus le sous-marin est lourd, moins il flotte.
Pour maintenir le sous-marin en surface, les ballasts sont remplis d’air.
Pour plonger, on ouvre les valves situées sur le dessus des ballasts.
L’air sort par le haut et l’eau entre par les ouvertures du bas.
Lorsque les ballasts sont pleins d’eau, le sous-marin a une flottabilité neutre. On utilise alors les hélices et les barres de plongée pour remonter ou plonger sous la surface de l’eau.
Pour remonter à la surface, on utilise de l’air comprimé pour chasser l’eau des ballasts et le sous-marin retrouve ainsi sa flottabilité positive.
PROPULSION DIESEL-ÉLECTRIQUE
Le mât du SCHNORKEL assure l’entrée d’air nécessaire au fonctionnement des MOTEURS DIESEL, tandis que le mât du SYSTÈME D’ÉCHAPPEMENT permet la sortie des gaz de combustion. Ces mâts doivent atteindre la surface pour être utilisés.
Les MOTEURS DIESEL font fonctionner les génératrices. Ils tirent leur carburant des RÉSERVOIRS DE DIESEL situés dans les ballasts.
Les GÉNÉRATRICES permettent de recharger les BATTERIES.
Les BATTERIES alimentent les MOTEURS ÉLECTRIQUES en énergie.
Les MOTEURS ÉLECTRIQUES assurent la propulsion du sous-marin.
L’équipage de l’Onondaga est composé de 70 membres qui doivent collaborer et coordonner leurs actions pour assurer le bon fonctionnement du navire. L’entrainement et l’organisation sont nécessaires pour y arriver. Par ailleurs, l’équipage doit partager un espace restreint où l’intimité est inexistante. La qualité du moral de chacun et la cohésion de l’équipe deviennent des aspects très importants pour le travail des troupes.
FORMATION DES SOUS-MARINIERS
Les apprentis sous-mariniers suivent une formation théorique de huit semaines, suivie d’une formation pratique de sept mois dans un sous-marin. Ceux qui ont complété leurs formations et réussi les examens méritent alors leurs dauphins, insigne qui confirme leur qualification. Pour y arriver, ils doivent, entre autres, connaître par cœur tous les systèmes, toutes les valves, et tous les tuyaux du sous-marin.
DAUPHINS
Plusieurs pays utilisent les dauphins comme insigne pour leurs sous-mariniers qualifiés. Cette coutume tire son origine du HMS Dolphin, un navire transformé en école de formation pour les sous-mariniers britanniques entre 1904 et 1999.
FEMMES À BORD
Depuis 2000, les femmes sont admises dans les sous-marins de la Marine royale canadienne. La matelot-chef radar Colleen Beattie est devenue la première femme à se qualifier, en 2005. Il n’y a donc jamais eu de femmes dans l’équipage de l’Onondaga puisque sa carrière s’est arrêtée en 2000.
Il n’y a que trois douches à bord et elles sont parfois utilisées comme espace d’entreposage. Comme l’eau est rationnée, on se lave souvent avec la méthode de la débarbouillette!
• SommeilLes sous-mariniers ont chacun leur propre couchette et celles-ci sont réparties partout dans le sous-marin. Cependant, pour fuir les espaces restreints occupés par plusieurs hommes, des sous-mariniers aménagent des lits de fortune dans la salle des torpilles, qui est l’endroit le plus vaste du navire.
• NourritureLa nourriture est bonne et abondante! Malgré l’étroitesse de la cuisine, des repas et des collations y sont préparés pour satisfaire l’appétit des sous-mariniers, peu importe l’heure à laquelle ils travaillent. Le service des repas est un des rares repères de temps dans un sous-marin.
• LoisirsLors de leurs temps libres, les sous-mariniers peuvent lire, jouer aux cartes, écouter de la musique ou regarder des films dans la salle de torpilles avant, spécialement aménagée. Les apprentis utilisent aussi une partie de ce temps pour étudier afin de préparer leurs examens.
• Quarts de travailLes quarts de travail changent régulièrement. L’objectif est de faire en sorte que la routine ne s’installe pas, entrainant avec elle une possible diminution de la vigilance nécessaire en tout temps dans le navire.
Des sous-mariniers ayant travaillé à bord de l’Onondaga témoignent.